Texte à méditer : Agir avec la conscience du moment présent, cela donne un calme et une sincérité absolus.
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Pierre LASSALLE
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LE CHEMIN DE L'UNION Consulter aussi sur les forums de Fréquence Bonheur deux relaxations exceptionnelles conduites par Margaret Liguet En Occident, on commence très souvent la Pratique du yoga pour des raisons thérapeutiques ou parce que l’on ressent la nécessité d'une relaxation. Ce faisant, on s'engage dans une pratique issue d'une Tradition millénaire. Quelle que soit la demande qu'on a, le Yoga est opératif; il m'est cependant apparu nécessaire au fil des années d'enseignement, de préciser théoriquement ce qu'était le yoga, de quelle tradition il était issu et surtout comment il pouvait véritablement nous aider, en tant qu'occidentaux à faire une démarche concrète de connaissance de soi. Et effectivement ce travail théorique s'est avéré favoriser la pratique pour certains, en la rendant plus consciente. Je souhaite vivement que ces cours écrits jouent le même rôle et aident tous ceux qui le désirent à rentrer davantage dans la compréhension de la démarche qu'ils font à travers la pratique du yoga. Je dédie ce travail à tous ceux qui m'ont tellement aidée moi-même dans la compréhension de la Voie : à M. Henri Le Gay, à mes maîtres tibetains Thuksé Rimpoché, Namkaï Norbu Rimpoché, et le vénérable Khempo Rimpoché Yéshé Tcheudar, ainsi qu'à Swami Devatmananda fondatrice de Sivanadashram. Avec ma profonde reconnaissance. Le 6 novembre 1987 Margaret LIGUET CHAPITRE I Pour comprendre ce qu'est le yoga, nous devons partir de ce que nous connaissons actuellement de notre condition et y réfléchir. Si nous essayons de faire le tour de la situation humaine telle que nous la constatons, nous voyons que certaines grandes questions qui conditionnent pourtant l'existence humaine restent sans réponse; si nous essayons de comprendre au-delà de ce qui occupe quotidiennement notre esprit et qui concerne nos activités habituelles, ce que nous faisons ici, dans cet univers, l'origine et le but de cette vie, nous ne pouvons que constater notre état d'ignorance. Bien que les grandes religions et les traditions tentent de donner une réponse à ces questions, elles font plus appel à notre foi qu'à notre compréhension.LE YOGA : VOIE DE TRANSFORMATION DE L'INDIVIDU Ce que nous pouvons donc dire, c'est que notre existence et notre comportement dans la vie sont déterminés par certaines conditions inhérentes à notre fonctionnement d'êtres humains, telles que le fait que nous soyons obligés de manger, de nous vêtir, de dormir, conditions qui vont nous pousser à choisir un certain travail, un certain mode de vie, mais que la finalité de cette expérience relative à nos conditions échappe totalement à notre compréhension. Mais si nous poussons plus avant notre analyse, nous constatons qu'il y a aussi quelque chose en nous qui nous pousse à constater nos limites et à les dépasser, du moins à ne pas les accepter comme définitives. Nous ressentons une profonde insatisfaction, un manque de quelque chose qui remplirait notre vie. Et cette frustration permanente déclenche en nous un processus de transformation, un mouvement d’évolution vers quelque chose susceptible de nous apporter le bonheur. Cette force d’évolution va opérer sur différents plans, suivant le niveau sur lequel nous situons notre recherche du bonheur : pour les uns, elle se situera sur le plan matériel, les poussant a améliorer leurs conditions de vie; pour d'autres elle se manifestera comme une recherche de connaissances dans tous les domaines : intellectuel, psychologique; elle pourra prendre le caractère d'une recherche d'approfondissement des relations humaines : comment mieux communiquer avec autrui, comment s'épanouir et enfin elle peut être ce que l’on a I'habitude d'appeler une recherche spirituelle, ce qui signifie tout simplement, comprendre le phénomène de la vie dans son ensemble. Cette recherche peut d'ailleurs se manifester pour un seul individu sur tous ces plans. Puisque nous cherchons en ce moment à comprendre notre condition d'être humain, il est important de mettre I'accent sur cette force de transformation, sur le processus en lui-même d’évolution, de voir en nous comment s'opère le changement, qu'est-ce qui le déclenche ? L'homme a un comportement, des attitudes physiques, psychologiques, intellectuelles qui sont des habitudes acquises de par son éducation et le contexte socio-culturel dans lequel il vit. Cet ensemble qui est relativement structure représente ce que l’on appelle sa personnalité. Avec la maturité, les différentes tendances deviennent plus figées : plus I'habitude se répète, plus elle est ancrée; nous nous complaisons dans une routine qui nous donne une impression de sécurité. Mais nous savons au fond de nous-mêmes que cette sécurité est illusoire, nous savons qu'il suffit d'un rien pour que tout ce que nous avons installé s'écroule : I'enfant qui n'accepte pas le projet que nous avions pour lui, notre fortune qui tout a coup se trouve diminuée, un ami en qui l’on croyait qui soudain ne nous fait plus confiance, etc... Notre vie n'est que I'histoire de ces retournements de situation qui font que nos croyances, nos habitudes sont sans cesse menacées. Cette histoire finit par nous fatiguer et nous rendre profondément insatisfaits de notre vie. Alors naît en nous le désir de changer, le désir de transformer toute notre situation parce que nous percevons plus ou moins consciemment qu'il y a en nous une capacité d'adaptation à des conditions nouvelles; cette force d’évolution qui se met en route à ce moment va nous pousser à chercher les moyens qui vont nous permettre de nous adapter à la situation nouvelle. Bien sur, c'est encore notre securite que nous cherchons, mais non plus en prenant appui sur nos habitudes routinieres, mais en nous ouvrant à nous-memes, en realisant que le changement ne vient pas de I'exterieur, mais de notre propre transformation interieure. C'est à ce moment-la, lorsque nous comprenons qu'il existe un processus de transformation qu'une demarche comme le yoga peut nous aider. Pour comprendre quelle peut etre I'aide qu'il peut nous apporter, nous allons rentrer encore plus en detail dans I'analyse de ce processus de transformation. Jusqu'ici, nous avons vu ce qui declenchait en nous le desir de changement; maintenant nous allons examiner comment se realise le changement, ce qui se passe en nous juste au moment ou nous comprenons que nous sommes en train de changer. II y a dans tout etre humain, un autre aspect dont nous n'avons pas encore parle : c'est cette faculte à I'aide de laquelle un homme realise qu'il est en train de parler, de manger, de conduire sa voiture; cette faculte s'appeile la conscience. Par conscience, nous ne designons nullement cette aptitude qui nous fait juger ce qui est bien ou mal pour nous, mais un etat naturel de connaissance, qui n'est pas intellectuelle, qui est simplement le fait de se rendre compte de ce qu'on est en train de faire. Être conscient, c'est etre present à la situation qu'on vit; c'est une sorte de regard que t'on porte sur soi-meme ou sur les choses, non pas pour juger, mais pour constater ce qui se passe : par exemple, je peux marcher et etre conscient de cette activite dans laquelle je suis engage, je peux percevoir le contact de mes pieds sur le sol, je peux sentir le poids de mon corps sur mes pieds, je peux aussi sentir le mouvement de mes jambes, je peux aussi etre conscient de tout I'ensemble de mon corps qui evolue; I'important n'etant pas de percevoir tous les details, mais d'etre present au moment ou je marche. Ce phenomene de conscience est extremement important pour comprendre comment se realise le changement en nous : c'est en effet lorsqu'un individu realise vraiment tout à coup la situation dans laquelle il se trouve, ou qu'il en prend conscience, qu'il decouvre en meme temps la possibilite de changement. Ces deux processus sont simultanes. Pour mieux comprendre ce qui se passe reellement, nous allons prendre un exemple : imaginons que nous ayons un probleme avec un ami, que cet ami tout à coup n'est plus le meme avec nous et que meme, il evite notre compagnie; or nous n'arrivons pas à comprendre les raisons de son comportement; on va chercher bien stir à savoir ce qui dans notre attitude a pu le blesser ou lui deplaire; comme on se connait en general tres mal, on n'arrive pas à trouver et la situation devient un probleme auquel on se heurte comme à une sorte de mur. Cela devient meme une lutte à I'interieur de nous-memes, on est agace par I'attitude de I'ami, on est agace de ne pas comprendre; et puis un jour à force de chercher, on realise tout à coup ce qui "clochait" dans notre comportement ou dans la relation qu'on avait avec I'ami et toute la situation s'eclaire et se denoue en un instant. On a pris conscience et en meme temps on a realise ce qu'il fallait modifier ou transformer pour retrouver le contact avec I'ami. LA CONSCIENCE EST UN ETAT D'OUVERTURE QUI DECLENCHE L'EVOLUTION D'UNE SITUATION. Si nous regardons bien, cette conscience se manifeste comme une clarte dans notre tete; on parle d'ailleurs d'eclairs de conscience; on dit aussi que la situation devient claire; toutes ces expressions communement employees font reference à une lumiere naturelle qui est ceile de notre propre esprit; si nous ne pouvons pas dire encore exactement ce qu'est notre esprit, nous pouvons cependant tous dire que nous avons fait à certains moments de notre vie I'experience de moments de clarte, qui nous font instantanement voir la raison de nos problemes. Et non seulement à cet instant, nous comprenons, mais en meme temps, le probleme n'existe plus. II est comme dissous; quelquefois c'est comme si il n'avait jamais existe : on s'etonne souvent d'avoir eu tel comportement ou tel raisonnement; on ne se reconnait meme plus dans ce qu'on etait precedemment. On est surpris de voir comme on a change ! En fait, un probleme nous permet de prendre conscience de quelque chose qui n'est pas clair en nous, notre esprit est obscurci : en comprenant nous retrouvons, I'espace d'un instant, I'etat naturel de notre esprit qui est lumiere; un etat dans lequel il n'y a plus aucun probleme, aucune complication; I'etat d'un ciel sans nuage dans lequel le soleil brille; notre etat ordinaire est celui d'un ciel nuageux, nos problemes etant les nuages qui masquent le soleil. Le yoga est un moyen qui peut nous aider à aller vers cette lumiere naturelle; c'est un chemin de transformation jusqu'a la pleine connaissance de nous-memes, de depassement de ce qui nous limite à chaque instant pour aller vers un espace sans limite, I'espace du Soi nature!. C'est le chemin de la sagesse et par sagesse, nous entendons la realisation de toutes les potentiates de I'individu. Par le yoga, nous allons etre confrontes à nous-memes, c'est-a-dire à tout ce qui nous empeche de connaTtre la realite et de cette fagon nous allons cooperer avec la force devolution qui est le mouvement meme de la vie et nous engager consciemment sur la voie de la transformation. C'est en meme temps un chemin de patience, car il est impossible de se transformer completement en quelques mois ou meme quelques annees : notre fagon de voir et de nous comporter dans la vie est le fruit d'habitudes tres anciennes qui ne peuvent se changer du jour au lendemain; I'important pour nous n'est pas d'arriver au but le plus rapidement possible, car nous ne savons meme pas ce que nous voulons atteindre; notre vision actuellement limitee par nos problemes ne peut se representer cet etat de I'homme libere. L'important est de s'engager sur le sentier de la transformation, chaque journee nous permettant de faire un ou deux pas sur ce sentier; I'essentiel est ce pas que je fais consciemment. Tant que nous n'avons pas compris que la vie est un phenomene devolution pour tous les etres vivants et que son sens fondamental pour nous etres humains est de nous permettre d'atteindre la pleine connaissance de nous-memes, nous vivons dans ce que l’on peut appeler une illusion de nous memes : c'est-a-dire que nous basons notre vie sur des desirs et des objectifs relatifs à ce monde-ci, ceux qui nous sont proposes par la societe; par exemple nous voudrions avoir telle situation, rencontrer telle personne que nous imaginons, avoir un nez moins long, davantage d'argent; toute notre vie se passe ainsi à tourner en rond autour de nous-memes. Cet ensemble de desirs que nous exprimons tout au long de notre journee et de notre vie font que nous creons dans notre mental une sorte d'image de nous-memes, une representation ideale de ce que nous aimerions etre et à laquelle nous finissons par croire. Mais il s'agit d'une construction totalement imaginaire, conforme à nos desirs et n'ayant rien à voir avec ce que nous sommes ! Et cette image limite totalement notre esprit, nous privant du contact reel avec nous memes. Comment pouvons-nous retourner la situation et commencer à sortir de la confusion dans laquelle nous nous trouvons à propos de nous-memes ? L'ACCEPTATION Le premier pas sur le chemin de la rencontre reelie avec soi-meme, c'est de s'accepter tel qu'on est, la maintenant dans I'instant, avec tout ce qui nous plait, mais aussi tout ce qui nous deplaît; et tout ce qui nous deplait, c'est justement tout ce qui nous limite en ce moment; c'est par exemple le chef de bureau avec lequel je ne m'entends pas, c'est la solitude dans laquelle je me trouve, ou bien les problemes famitiaux auxquels je dois faire face. C'est à partir du moment ou je vais regarder en face tout ce qui fait que je me sens enferme, prisonnier que le travail de transformation va pouvoir commencer. Car si nous nous souvenons de ce que nous disions plus haut à propos de la conscience: prise de conscience veut dire ouverture et automatiquement depassement des limites. Cela ne veut pas dire que tous les problemes vont disparaitre instantanement, mais mon point de vue va changer, puis ma fagon de faire et alors les problemes s'evanouiront car je ne serai plus le meme. Si je suis quelqu'un de jaloux et que je suis place dans une situation qui dechatne ma jalousie, j'aurai beau lutter contre la situation, elle ne va pas changer, mais si au contraire devant les circonstances je constate mon sentiment de jalousie et que je decide de travailler sur cet aspect de moi-meme, bientot, je ne serai plus confronte à de telles situations, car ce sont uniquement mes propres problemes qui creent les circonstances difficiles pour moi. Le fait de prendre conscience et d'accepter cree un espace salutaire qui me permet de prendre de la distance par rapport à moi-meme et aux circonstances. Si nous rentrons dans un lieu ou il y a beaucoup de bruit, de fumee de cigarettes, d'odeurs, etc... et que nous n'ayons pas I'habitude de nous trouver dans un tel lieu, nous allons nous sentir agresses. Maintenant si nous travaillons avec la conscience : au lieu de lutter et de nous dire que nous ferions mieux d'etre ailleurs, si nous regardons et prenons conscience des sons, des odeurs, de I'ambiance, non pas peut-etre que le lieu nous paraitra forcement agreable, mais nous ne serons pas agresses, car nous n'aurons pas cree de conflit entre I'exterieur et nous : il y a une acceptation des circonstances. Ce qui se passe dans un tel cas, c'est que j'englobe dans le champ de ma conscience tout I'espace : il n'y a pas moi et I'exterieur, moi et les autres, il y a seulement un espace qui contient tout I'ensemble : dans le cas ou je n'accepterais pas la situation, il y aurait au contraire une separation entre moi et I'exterieur; mon moi se sent alors tres menace, c'est la situation d'agression; ma conscience se limite à I'idee d'un moi que je vais chercher à proteger, sans tenir compte des autres et c'est ainsi que je deviens prisonnier de mes propres peurs et de moi-meme. L'ESPRIT DE SEPARATION La grande heresie dans laquelle I'homme se trouve enferme, c'est qu'il s'imagine un etre isole, existant independamment du reste du monde. Effectivement si nous considerons les choses du seul point de vue physique, nous avons une illusion d'existence autonome : nous avons chacun un corps à 1'apparence propre; chacun d'entre nous se difference de tous les autres. Mais si nous regardons les conditions dont dependent ['existence de ce corps, nous constatons que sa survie est liee à I'air que nous respirons, à la nourriture que nous absorbons, et que loin d'etre autonomes, notre existence depend de I'echange et de ta relation que nous avons avec I'exterieur. Pourrions-nous puiser indefiniment à ce reservoir universel sans nous sentir redevables de quelque chose ? En fait nous agissons sans cesse comme si nous etions seuls au monde, preoccupes de notre seul bien-etre sans nous rendre compte que ce bien-etre ne peut exister independemment du bien-etre de I'ensemble des etres autour de nous. Notre vie devrait etre basee sur I'echange et la relation avec tout ce avec quoi nous entrons en contact, alors qu'elle est au contraire entierement vecue sur le mode de I'opposition, ce qu'on appelle "vision dualiste". Chaque personne ou objet est d'abord pergu comme etant different et de ce fait immediatement classe en bon ou mauvais, suivant qu'il apparait comme menagant ou non pour notre propre sujet ou moi. Nous aurons I'occasion d'analyser cette vision d'une maniere plus approfondie dans les chapitres suivants. Mais disons deja que cette vision est à I'origine de tous nos problemes et que le yoga est un des moyens d'en decouvrir la source et de progressivement recouvrer la perception juste qui est celle de notre etat naturel. Cette vision est dite impure, c'est-a-dire qu'elle est le reflet de nos desirs, de nos emotions et de nos perturbations. Pour recouvrer une juste perception il nous faut done purifier notre nature actuelle. C'est ce à quoi nous engage le yoga, et nous allons voir comment nous pouvons agir en ce sens sur les trois aspects de notre personnalite : physique, emotionnel et mental. CHAPITRE II On a coutume de dire que I'homme fonctionne ou s'exprime à travers trois vehicules, son corps physique, son corps emotionnel et son mental; et c'est effectivement à travers ces trois modes d'expression que nous nous situons et que nous avons une experience de nous-memes.LA POSTURE OU ATTITUDE PHYSIQUE Or, si nous nous en referons à la Tradition du Yoga, ces trois aspects ne sont pas toute notre realite, ils n'en constituent qu'une apparence, une fagade, mais ce qui se trouve derriere cette fagade nous est cache, tout simplement parce que cette fagade au lieu d'etre une vitre claire et transparente, permettant de voir ce qui se trouve à I'interieur, est sate au point bien souvent d'etre devenue opaque; parfois on ne devine meme pas qu'il puisse y avoir quelque chose derriere. On pense alors que toute notre realite se limite à cette fagade et on vit uniquement preoccupe par elle. Le Travail qu'il nous faut faire est done un travail de nettoyage de cette vitre, e'est-a-dire la rendre telie qu'elle est et pour cela il nous faut regarder nos perturbations telles qu'elles s'expriment sur le plan physique, emotionnel et mental. Sur le plan physique, ces perturbations vont se manifester comme des noeuds energetiques, des tensions physiques. Sur le plan emotionnel, nos noeuds vont se manifester comme des emotions fondamentales qui s'elevent en nous suivant les circonstances, modifiant profondement au moment ou elles s'expriment notre etat et notre systeme de pensees. Sur le plan mental, les perturbations se manifestent sous la forme d'agitation mentale, de dispersion ou difficulty de concentration ou d'obsessions... Pour reequilibrer ces trois plans, le yoga met à notre disposition des moyens en relation d'une maniere plus specifique avec chacun d'entre eux : le travail postural va permettre de purifier et d'equilibrer les_ energies sur le plan physique ; le travail de respiration nous permettra de travailler plus_ specifiquement sur notre nature emotionnelle ; le travail de concentration a pour fonction de reequilibrer le plan_ mental ou plan des pensees. II faut noter qu'il n'est pas possible de separer ainsi completement le plan physique du plan emotionnel et du plan mental. L'un influe automatiquement sur i'autre. Derriere la realite apparente qui nous fait discerner dans notre fonctionnement un plan physique, un plan des emotions et un plan mental, il y a une realite energetique qui englobe rensemble de nos vehicules. Tout travail portant plus specifiquement sur Tun de ces plans a une repercussion sur ['ensemble de la situation energetique de I'individu. Nous ne pouvons done pas voir les choses de maniere separee. Le travail postural, par exemple est pour nous le moyen de faire I'experience de notre globalite à travers la realite physique. QU'EST-CE-QU'UNE POSTURE ? C'est une position que l’on essaye de maintenir en tendant vers j'immobilite et le non-effort. Elle permet : d'harmoniser le corps physique ; de mettre en mouvement I'energie, de la purifier jusqu'a atteindre un equilibre ; - de reveler ce que nous sommes par la conscience qui nait de cette attitude. I - HARMONISATION DU PLAN PHYSIQUE Une posture a des effets sur l'ensemble du corps physique :
II y a un etirement de la colonne vertebrale sur toute sa longueur qui redresse les dos ronds, les scolioses et les cyphoses dorsales. Les muscles de la partie superieure du dos sont tonifies et irrigues. Sur le plan des organes, tout le systeme digestif est tonifie. Du fait du poids portant sur la region de I'abdomen, la respiration est accentuee dans cette region et il y a un massage des organes abdominaux ce qui fait une sorte de travail tres important sur les reins du fait de la pression créée à cet endroit. Au niveau du systeme nerveux : la posture agit sur la chaine ganglionnaire du sympathique qui est irriguee. Les glandes surrenales sont egalement stimulees, elles fabriquent le cortisol plasmatique; ce qui favorise la production d'adrenaline. Enfin, c'est une excellente posture pour les problemes respiratoires, car la partie superieure des poumons se trouve ventilee. Prenons maintenant un autre exemple : PASCHIMOTTANASAN Au niveau vertebral : il y a aussi un etirement de toute la colonne vertebrale avec un etirement en particulier de la zone lombaire; les espaces intervertebraux s'ouvrent à cet endroit degageant les nerfs des trous de conjugaison. Cette posture ameliore certatnes sciatiques et convient principalement aux personnes tres cambrees. Les muscles dorsaux sont etires et irrigues. Tous les organes du bassin et de I'abdomen sont stimules (foie, estomac, intestins, rate et pancreas) ainsi que les reins et les glandes surrenales. Le plexus solaire est masse et decongestionne. II y a aussi un etirement des jambes ce qui ameliore la circulation sanguine à cet endroit. Nous pourrions prendre d'autres exemples, mais notre but n'est ici que de montrer comment une posture agit sur I'ensemble des systemes du corps permettant d'en ameliorer le fonctionnement et contribuant ainsi à une meilleure sante. II - MISE EN MOUVEMENT DES ENERGIES Dans les postures pendant que nous les prenons et pendant que nous les maintenons, nous utilisons constamment la respiration. Pourquoi ? Parce que la respiration est le vehicule de I'energie, appeiee "Prana" selon la tradition du yoga. Done, lorsque nous respirons, nous absorbons de I'air mais aussi du prana. Chaque posture, chaque mouvement est un moyen de concentrer I'energie plus particulierement dans une partie du corps. L'energie circule dans notre corps selon un reseau complexe de circuits que l’on appelle des nadis. Derriere le mot nadi, i! ne faut voir aucune representation materielle; il s'agit plutot d'un trajet emprunte par I'energie; ce trajet etant toujours le meme, on peut parler d'un nadi comme "du lit tracé par une rivière" * *Swami DEVATMANANDA : cours de Hatha yoga. Si pour une raison, nous agrandissons le lit d'une riviere, la circulation de I'eau va s'accentuer; de meme un mouvement permet d'accentuer la circulation de I'energie dans une partie du corps. Le flot de cette energie va y etre dirige grace à la respiration. D'ou I'importance de la respiration pendant le mouvement ou la posture, car c'est à ce moment-la que vous pouvez conduire I'energie, exactement comme le vent agit sur I'eau. Chaque posture ou mouvement tout en agissant sur une region particuliere permet la regularisation de ['energie du corps tout entier. Chaque posture nous permet de faire une experience particuliere du corps tout entier. Par exemple dans BHUJANGASAN : toute la face ventrale du corps est etiree si bien que I'energie est appelee à circuler sur cette face ventrale. Le resultat d'ensemble sera une sensation d'ouverture de tout notre corps. Au contraire dans PASCHIMOTTANASAN : retirement se fait sur toute la face dorsale. L'energie est done appelee à circuler le long de cette face dorsale, le resultat d'ensemble sera une sensation de repos et de protection renforcee. On peut done dire que pour toute posture, tous les courants du corps sont affectes. Une POSTURE EST UNE RECHERCHE D'EQUILIBRE ET D'HARMONISATION DES ENERGIES. Imaginons un ensemble de rivieres : I'intensite des courants va etre variable; dans certaines I'eau s'ecoulera tranquillement, pour d'autres plus encaissees, le flot sera tumultueux. En supposant que toutes ces rivieres communiquent les unes avec les autres, si nous faisons circuler davantage I'eau la ou elle coule lentement, en nettoyant par exemple le lit de la riviere, tous les courants de toutes les rivieres vont en etre affectes. C'est un peu ce que nous faisons avec une seance de yoga. Nous pouvons ainsi resumer : - Chaque posture est I'etablissement d'une circulation particuliere des energies. - Ce qui peut s'exprimer par ce que l’on appelle la sensation d'un etat ou d'une ambiance generale du corps, liee à cette circulation particuliere. - L'ensemble des postures d'une seance, composee selon des lois qui repondent aux conditions d'expression de I'energie, finit par toucher I'ensemble des courants d'energie du corps, creant une circulation plus harmonieuse. La conscience et I'energie sont indissolublement liees, la ou va I'energie, va la conscience. D'ou I'importance pendant le travail de posture et de respiration d'etre tres present à ce qui se passe dans le corps. Le mouvement de I'energie sera plus puissant, le travail plus profond. Si nous regions la circulation de I'energie à I'aide de la respiration, nous le faisons egalement avec la conscience, et nous pouvons simplement en sentant une partie de notre corps y diriger I'energie; c'est ainsi que l’on peut deja soulager un endroit douloureux simplement en defendant la partie du corps concernee et parfois en y installant la respiration. Ill - LA POSTURE : UNE ATTITUDE QUI REVELE CE QUE NOUS SOMMES. Lorsque le corps physique, la respiration et done I'energie et ia conscience sont unifies dans une posture, nous sommes dans une situation ou nous sommes completement presents. A ce moment-la, notre mental qui ordinairement est toujours agite par des vagues que nous nommons pensees, est entierement concentre sur ce qui se passe dans le corps et cesse done d'etre agite par des pensees exterieures. Intervient alors un element tres important qui est la cle meime du travail de liberation dans le yoga. Dans cette concentration du corps, de la respiration et du mental, se manifeste ce que l’on appelle une CONSCIENCE-TEMOIN : Cette conscience est au-dela du mental, resultat de I'union du corps, de la respiration et du mental; elfe est simplement un regard qui ne juge pas mais enregistre tout ce qui se passe; elle etablit une distance par rapport à la situation d'ensemble mais non une separation; au contraire, la sensation de presence à soi-meme est accentuee. Elle est en fait le debut de la manifestation de quelque chose qui n'est pas ce que l’on a appele les vehicules physique, emotionnel et mental. Elle est surtout la cle du lacher-prise, attitude et regie essentielle permettant de realiser la POSTURE. QU'EST-CE-QUE LE LACHER-PRISE ? II est lie à deux facteurs : une detente complete ; un abandon à ce que l’on peut appeler I'Esprit ou notre etat naturel tel qu'il s'exprime lorsqu'il n'y a plus aucune perturbation. Ceci signifie qu'il y a une intelligence presidant à ('organisation du corps, des energies, du mental. Et c'est cette intelligence ou etat nature! du corps que l’on cherche à retrouver dans la pratique du yoga. Pour cela il faut apprendre à ne pas intervenir avec notre volonte individuelle ou avec notre mental pendant le travail, e'est-a-dire la pratique. Ce qui veut dire : ne pas formuler mentalement de pensees concernant le resultat recherche à travers la pratique : -sur la realisation de la posture -ou sur I'etat à atteindre. Etre seulement ce regard de la conscience-temoin qui decouvre le corps en action ou en etat d'immobilite, la respiration, les manifestations ou mouvements plus ou moins subtils qui s'y expriment. De plus ce regard ou conscience-temoin est un facteur d'organisation des energies. II opere par lui-meme, mediateur pour nous de Intelligence naturelle. II purifie, harmonise, detend et coordonne les differents corps et est deja I'experience d'une conscience superieure. IV - CONSEILS ET REMARQUES CONCERNANT LA PRATIQUE. 1°) Comment creer une veritable detente pendant la posture ? Les obstacles que nous allons rencontrer à la realisation d'une parfaite detente pendant la posture sont des tensions qui se manifestent sur le plan physique, sur le plan de la respiration, sur le plan du mental. Par exemple, nous pouvons ressentir des bloquages dans telle ou telle partie du corps, des difficultes sur le plan respiratoire ou tout à coup des difficultes au niveau de la concentration. Ces tensions sont I'expression de nos limites actuelles; la pratique du yoga nous permet de rencontrer nos limites. A ce moment, il nous faut d'abord accepter la situation et reconnaitre nos limites du moment, non seulement I'accepter, mais vivre la situation, c'est-a-dire rentrer en contact avec une situation energetique qui est celle de la manifestation de tensions. Cela signifie, d'abord nous detendre par rapport à la situation. Ne pas emettre de pensees concernant cette situation, simplement en etre le temoin; et attendre tout en continuant à exercer une surveillance constante quant à tout facteur qui pourrait venir se surajouter : par exemple des pensees comme "je ne suis pas bien", "comment puis-je faire pour mieux respirer" ou "est-ce que ga ne va pas empirer"... Alors petit à petit, si la situation est vraiment acceptee et vue, une sorte d'espace et d'ouverture peut commencer à se creer, et dans cet espace notre corps se detend et les tensions commencent à disparaitre. Pourquoi ? Les tensions physiques sont en fait I'expression de bloquages qui sont au niveau de notre esprit : lorsque nous desirons ardemment queique chose, notre corps se tend; si un desir souvent repete n'a pu etre satisfait, il laisse dans le corps une trace, une tension. Cette tension qui peut se manifester au moment ou nous essayons de faire une posture a done sa racine dans notre esprit; si à ce moment-la, notre esprit lache, s'abandonne, le corps se trouve libere et petit à petit se defont ainsi toutes les tensions et tous les bloquages inscrits dans notre corps. La respiration est un excellent facteur de detente : dans une posture difficile dans laquelle le corps se trouve etire, notre esprit a tendance à s'affoler et on ne maitrise pas bien la situation; la respiration va etre à ce moment un moyen de calmer notre mental. II faut soit approfondir la respiration et placer notre attention sur la respiration, soit concentrer notre attention sur la zone d'etirement et y laisser s'exercer une douce respiration de detente. 2°) En quoi consiste une posture ? Pour une posture, nous pouvons discerner trois phases : une phase dynamique ; une phase statique ; une phase de repos. La phase dynamique à pour fonction d'amener le corps progressivement et en douceur à la phase d'immobilite. C'est un echauffement des principaux muscles qui seront actifs pendant la phase statique et c'est une mise en route des energies. La phase dynamique facilite le passage d'un etat à un autre etat. On part d'une position pour aller vers une autre position. C'est comme le chemin qui nous amene d'un lieu dans un autre. C'est plus naturel pour le corps, et cela nous permet d'approcher de ('attitude finale en douceur, de nous y preparer. Pendant la phase dynamique, notre attitude doit etre de bien ressentir le mouvement, avec une conscience du point de depart et du point d'arrivee; de ressentir le deplacement du corps dans I'espace. La respiration joue à ce moment un role tres important, car pendant la phase dynamique s'ouvrent les canaux ou nadis dans lesquels I'energie circuiera pendant la phase statique. Pendant la phase statique, notre effort doit porter sur le relachement; detente de tout ce qui n'est pas necessaire au maintien de la posture; detente de la respiration, detente du mental. Lorsque cette detente est etablie, peut alors se manifester I'immobilite ou absence de mouvement physique et mental. Cette qualite se manifeste lorsque la posture est maintenue sans aucun effort. Pendant la phase de repos qui suit les deux phases precedentes, on s'abandonne et on regarde les sensations ou manifestations qui sont le resultat immediat du travail que l’on vient de faire, jusqu'a ce que progressivement elles s'estompent. 3°) Une seance de yoga nous permet de developper une faculte d'adaptation. Chaque posture comme nous I'avons vu, cree une certaine circulation des energies; lui correspondent des sensations ou manifestations particulieres ainsi qu'une certaine ambiance generale ou qualite de I'espace du corps. Comme nous passons d'une posture à une autre au cours d'une seance de yoga, nous modifions constamment cette ambiance; nous apprenons aussi à remettre sans cesse en cause ce que l’on pourrait appeier I'acquis. Une posture peut en effet avoir des resultats tres agreables comme la sensation d'un etat de calme ou de serenite, etc... mais immediatement la posture suivante nous appelle à vivre autre chose; nous evitons ainsi de nous installer ou nous complaire dans un etat particulier. Cette faculte que nous developpons pendant la seance de yoga doit nous permettre ensuite de nous adapter plus facilement dans la vie aux changements et aux situations diverses que nous vivons pendant une journee. Chaque situation ou chaque moment est en quelque sorte une posture creant certaines conditions d'expression pour notre corps et notre mental. Puis cette situation est remplacee par une autre et nous devons nous adapter à d'autres conditions et ainsi de suite tout au long de la journee. Bien souvent, nous subissons notre vie et à la fin d'une journee, nous avons recu tenement d'informations et vecu tenement d'experiences que nous nous retrouvons la tete pleine, satures et confus quant à notre journee. Ceci veut dire que nous n'avons pas vecu completement chacune des experiences de notre journee et aussi que nous n'avons pas su vivre le changement; et à la fin, nous sommes fatigues. II est tres important de sentir que la vie est un mouvement et que nos conditions d'experience sont à chaque instant differentes et neuves; au lieu de chercher à tout prix à faire durer certaines situations ou à nous y accrocher, il nous faut au contraire comprendre que le changement est la loi de la vie et que c'est par ce mouvement que nous evoluons, que nous pouvons developper les potentialites que nous avons. II nous faut done agir, fonctionner avec le mouvement, etre en accord avec lui. Bien souvent nous aurions tendance à rechercher I'inverse, e'est-a-dire la stabilite des situations qui nous procurerait un sentiment de securite. Or cette securite, nous ne pouvons la trouver dans la manifestation de ce que l’on appelle les phenomenes; nous ne pouvons la trouver que dans une presence constante aux differentes activites, à nos etats. Seule cette continuity de conscience peut nous permettre de nous adapter aux changements et modifications qui jalonnent tout I'espace d'une journee. CHAPITRE III PURIFICATION DES EMOTIONS Nous connaissons tous dans notre vie, certains de ces moments ou nous sommes soudain assaiflis, submerges par des vagues qui semblent venir du fond de nous-memes et qui font chanceler à la fois notre stabilite physique et notre esprit. Ces vagues s'appellent des emotions; elles se manifestent souvent avec une telle force qu'on peut se demander ce qui tout à coup se met à agir en nous tellement nous nous sentons transformed. On parlait au XVIIeme siecle de la passion aveugle comme d'une force du destin qui nous emporte, ces forces qui nous entraTnent à commettre des actes qui marquent et peuvent changer soudain le cours de notre vie nous habitent sans que nous en connaissions i'origine, ni parfois la nature. Et pourtant elles nous sont familieres car nous en vivons quotidiennement les manifestations sous la forme de colere, de jalousie, d'orgueil, d'avidite... Si nous sommes amenes à prendre conscience de cette prison que constituent pour nous nos emotions, nous pouvons ensuite nous demander s'il nous est possible de nous en liberer. Dans ce chapitre, nous allons essayer de voir d'abord quel est le mecanisme de I'emotion, puis les moyens de controle, de transformation et de purification de I'emotion. I - MECANISME DE L'EMOTION. Les objets du monde physique emettent des vibrations; ces vibrations sont enregistrees par notre cerveau et vont susciter une reaction appelee sensation. La sensation est I'experience que nous faisons d'un objet ou d'un etre en tant qu'il nous est agreable, desagreable ou qu'il nous laisse indifferents. Les sensations ainsi experimentees laissent en nous une trace qu'on appelle une memoire. Dans les memes conditions d'experience, la vibration de I'objet ou etre du monde exterieur va etre immediatement identifiee par le souvenir de I'experience precedente; la sensation alors eprouvee est immediatement projetee sur la situation nouvelle et I'objet devient objet d'attraction ou de repulsion. Dans une journee, nous vivons une foule d'experiences liees aux objets des sens et on peut dire que tous nos actes sont motives et gouvernes par I'attraction-repulsion. Le renouvellement de cette experience fait naitre en nous le desir pour tout ce qui nous est agreable et le rejet de tout ce qui nous est desagreable; nous nous attachons alors aux formes qui nous procurent un bonheur momentane. Chacune de nos actions ainsi motivee par le desir renforce notre experience d'attachement et est le germe d'une nouvelte action qui lui ressemble; c'est ce qu'on appelle le KARMA. Toutes ces experiences d'attachement nous lient à ce qu'on appelle le SAMSARA. Le SAMSARA correspond au monde d'experiences dans lequel nous vivons ou les conditions qui sont actuellement les notres sont la consequence de nos experiences passees. Nous tournons en rond toujours à la recherche de ce qui pourrait nous procurer le bonheur, semant toujours de nouvelles experiences d'attachement et nous eloignant ainsi de plus en plus de notre nature primordiale qui est au-dela de tout desir et attachement. Et nous sommes ainsi plonges dans la confusion pensant finalement que la vie n'est rien d'autre qu'une recherche de possessions materielles, sentimentales ou intellectuelles. Le desir-attachement est à la base de toutes les autres emotions; toutes derivent de lui : orgueil, haine, jalousie, colere.. Se liberer des emotions, c'est done prendre conscience de nos attachements et du mouvement qui nous porte à desirer ou à repousser. Pour mieux comprendre ce mecanisme des emotions, nous allons reflechir à ('aide d'un exemple : Imaginons que je passe devant une patisserie, et la à la devanture, je vois un gateau que je n'avais jamais vu avant; je decide alors d'en faire I'experience pour savoir quel gout il a. Je le mange et I'experience s'avere etre agreable. Si quelques jours plus tard, je passe à nouveau devant la meme patisserie et que je vois le meme gateau, aussitot la memoire de ('experience precedente surgit, je commence à saliver et nait alors en moi le desir de manger ce gateau. En imaginant que je sorte de table et done que je n'aie pas reellement faim, si je cede malgre tout au desir qui se manifeste en moi, je vais renforcer I'experience d'attachement qui me lie à cet objet. La prochaine fois, I'attraction sera encore plus forte. C'est ce qu'on appelle le Karma : tout acte motive par un desir est la cause ou le germe d'une nouvelle action. Le SAMSARA, c'est une vie entierement conditionnee par le desir, basee sur la satisfaction des desirs. Et on dit que l’on tourne en rond, parce que c'est un cercle, on n'en sort pas. Certains actes laissent des traces tres profondes, parce qu'ils mobilisent beaucoup d'energie : un crime par exemple; la force d'attraction sera d'autant plus importante. II - LES MOYENS DE CONTROLE DE L'EMOTION. Le SAMSARA se termine avec la liberation complete des emotions, lorsque notre vie n'est plus conditionnee par le desir-attachement. Le chemin qui mene à I'extinction du desir-attachement etant long, nous pouvons envisager des etapes intermediates nous permettant de diminuer notre experience d'attachement. La premiere etape consiste à eliminer les emotions !es plus grossieres, celles qui entrainent beaucoup de troubles et nous lient profondement au SAMSARA. Dans son expose du RAJA-YOGA, Patanjali nous donne certaines regies de vie, appelees "yama" qui sont les fondements d'une ethique qui si elle est suivie nous permet de deraciner certaines tendances negatives. AHIMSA : veut dire ne pas tuer. Mais par extension cela signifie : ne pas faire de mal à autrui en pensee, en parole et en acte. La notion d'autrui s'etend à tous les etres vivants et I'Ahimsa est le respect de la vie envers tcutes les creatures. GANDHI peut etre considere comme un adepte de I'Ahimsa. SATYA : le non-mensonge. II s'agit de s'abstenir du manque de veracite. Essayer d'etre juste lorsqu'on utilise la parole. D'abord, mettre ses paroles en accord avec ce que Ton pense. Entre le mensonge qui est une falsification de la realite et la parole juste, il y a toutes sortes de paliers ou de manieres de deguiser la verite. La parole est souvent pour nous le moyen de faire passer une certaine image de nous-memes, celle que l’on a envie de donner à autrui; et pour cela il y a la parole qui n'a d'autre sens que celui de me faire valoir aux yeux des autres. II y a la parole par laquelle je cherche à gagner I'estime de Tautre; il y a celle qui me permet de combler I'ennui de la conversation et qu'on appelle bavardage; les paroles blessantes envers autrui, les paroles qui calomnient ou sement le trouble dans I'esprit d'autrui... La parole a une action tres profonde; tout le monde a pu faire I'experience du retentissement qu'a en nous une parole qui nous a blesses; cela nous atteint tres profondement. De meme nous pouvons mesurer I'impact de certains mots lorsqu'ils sont dits à un enfant; certains peuvent modeler ses attitudes pour sa vie entiere. L'enfant a qui on dit en passant qu'il est "paresseux" le croira veritablement et ne pourra plus se defaire de cette empreinte. ASTEYA : Ne pas voler. II s'agit toujours dans le sens de cette ethique qui pose les bases d'un terrain sain pour la pratique, de s'abstenir d'appropriation du bien d'autrui en acte et en pensee. II faut done rejeter toute attitude de convoitise; selon la tradition tibetaine dans laquelle se retrouvent ces memes regies I'Asteya sera ainsi formule : "Ne pas prendre ce qui n'est pas donne". Ceci doit nous amener à cultiver I'attitude du contentement et à voir ce que nous possedons deja comme des richesses qui nous sont offertes par la vie. Le but de ces regies est de nous apprendre les principes d'une ethique à la fois naturelle et universelle, naturelle parce qu'eile nous apprend à utiliser justement I'energie qui nous est confiee et universelle parce qu'eile respecte les manifestations de cette meme energie partout autour de soi. Autrui en est une expression, notre environnement en est une autre. BRAHMACHARYA : C'est la continence sexuelle. Cette vertu ne peut trouver sa place que dans une pratique assidue du yoga, lorsqu'on est completement engage dans cette voie et que le renoncement apparaît à ce moment-la, non comme une frustration, mais comme la capacite de pouvoir utiliser une energie tres puissante pour la pratique. Dans le moment-meme, pour nous, ce precepte peut etre I'occasion d'examiner notre attitude dans le domaine de la sexualite. Qu'est ce qui motive notre relation à I'autre ? Est-ce que cette relation est teintee de jalousie, du desir d'etre reconnu par I'autre, du desir d'etre aime avant d'aimer ? Une motivation pure rend I'acte sexuel pur; mais bien souvent la relation est perturbee par nos attentes, nos craintes, nos pensees concernant ce que nous voudrions que I'autre soit. Alors la aussi, nous perdons le contact avec I'aspect naturel de I'acte. Nous pouvons aussi nous retrouver devant une barriere d'interdits, fruit de notre education, qui a rejete loin la part instinctive de nous-memes. Alors celle-ci n'ose plus se manifester. Et dans ce cas il nous faut bien-sur, avant meme, d'imaginer que le Brahmacharya, au sens ou I'entend la tradition yogique, puisse etre une aide dans notre pratique, donner à la sexualite la place qui est la sienne. Ces interdits existent dans notre mental et non dans notre corps et nous verrons dans le prochain chapitre comment nous liberer de toutes les projections mentales. APARIGRAHA : C'est I'absence d'avidite, de possessivite. C'est se contenter de I'essentiel pour vivre et eliminer tout ce qui n'est pas indispensable. Les conditions d'existence de notre corps exigent que nous utilisions une partie de notre energie à subvenir à ses besoins essentiels. II nous faut nous nourrir, nous vetir et avoir un habitat; mais pouvons-nous discerner le moment ou ces besoins essentiels sont satisfaits du moment ou nous continuons à nous demener pour du superflu ? II ne s'agit pas d'envisager la pauvrete comme un but à atteindre mais seulement de discerner nos vrais besoins des faux. Les "faux" sont ceux qui comblent nos frustrations, nos angoisses, notre insscurite; ceux qui limitent notre champ d'action et emprisonnent notre mental. Lorsque se manifeste en nous le desir de posseder quelque chose et que ce desir ne correspond pas à quelque chose d'absolument indispensable à notre existence, il est lie à un probleme mental. Meme si nous le satisfaisons, il est important que nous reconnaissions sa nature de fagon à discerner progressivement I'essentiel du superflu. Ces regies sont en fait des points de repere pour travailler sur I'origine de nos emotions les plus grossieres. II s'agit en quelque sorte de rendre plus sain notre terrain de base. Ill - LES MOYENS DE TRANSFORMATION DE L'EMOTION. 1° L'art du renoncement Lorsque nous desirons fortement quelque chose et que nous y renoncons, se trouve liberee une energie qui va en quelque sorte muter, c'est-a-dire changer de nature. Le desir de quelque chose occupe notre mental et cree dans notre corps une tension; si nous renongons à I'objet du desir de notre propre gre et non sous la pression d'une circonstance exterieure, se manifeste en nous une detente qui est de la nature de I'espace. Plus la tension est grande, plus I'objet du desir est charge, c'est-a-dire nourri d'attachement, plus grande est la disponibilite que nous trouvons. L'energie du desir s'est transfo.mee en une qualite de presence; un moi plus naturel, plus detendu, qui n'est plus preoccupe par son propre confort et qui s'abandonne aux situations telles qu'elles sont. Nos actions qui generalement sont conditionnees par le desir, sont alors motivees par une volonte superieure : si, dans une situation, nous ne cherchons pas notre interet personnel, nous sommes alors ouverts à toutes les possibilites de cette situation et nous verrons clairement quel role nous avons à y jouer, quelles qualites particulieres nous devons mettre en oeuvre pour mener à bien une entreprise qui concerne plusieurs personnes par exemple. Nous sommes alors davantage en contact avec les autres, plus aptes à ecouter, à comprendre, puisque plus disponibles. Chacun d'entre nous à pu faire cette experience de desirer tres fortement quelque chose; puis comme notre desir ne se realise pas du fait de circonstances qui ne sont pas favorables, nous finissons par renoncer; et bien souvent juste à ce moment-la, quelque chose arrive que nous attendions ou que nous n'attendions pas, mais qui se trouve bon pour nous. Tout se passe en fait comme s'it y avait une nature superieure agissante qui preside aux evenements de notre vie, mais notre moi personnel est interesse a I'art de deranger cet ordre naturel. Si nous cessons de chercher constamment notre satisfaction personnelle, les evenements de notre vie deviennent des guides nous permettant à chaque instant de developper tel ou tel aspect, de travailler sur des cotes de nous-memes que nous ne comprenons pas bien, d'eclaircir tous les elements de notre personnalite. Chaque evenement peut devenir une cle de notre evolution. Plus nous nous abandonnons, plus notre route se trcuve "balisee" et moins nous nous perdons dans des chemins de detour. Mais ce renoncement ne doit pas etre de ceux qui laissent un poids au niveau de I'estomac ou du ventre, I doit etre leger et spacieux, c'est-a-dire qu'il ne laisse aucune trace de frustration; c'est un abandon, comme on laisse tomber le ballon qu'on a entre les mains, cela n'a alors aucun effet sur notre mental; ce renoncement est un lacher-prise. On s'abandonne à I'espace, à cette volonte superieure. 2 ° L'esprit altruiste comme motivation de notre action Beaucoup d'emotions ont pour origine ce que l’on appelle Pesprit de discrimination. Cette aptitude que l’on a de juger quiconque se presente selon le critere : sa presence m'est agreable ou desagreable ou elle me laisse indifferent. De par cette attitude, beaucoup de problemes sont entretenus, car ['esprit de discrimination ou de separation engendre des souffrances. Comme la plante, I'etre humain a besoin pour s'epanouir d'espace et de lumiere; dans le domaine des relations humaines, I'espace c'est I'ouverture et la lumiere c'est la chaleur du coeur. Lorsque ces deux elements n'existent pas dans la relation, pour echapper à la souffrance de la non-reconnaissance, I'etre humain se ferme; mais cette fermeture est en elle-meme aussi une souffrance. Cet esprit de discrimination conduit au renforcement de I'egoTsme : puisque I'exterieur me rejette, je me renferme dans mon propre moi. II nous faut apprendre à cultiver I'attitude d'equanimite : celle d'un regard qui accueille tous les etres avec egalite. Celle qui reconnaTt en chaque etre humain notre propre nature primordiale. Par ce regard, non seulement, nous creons I'ouverture, mais nous permettons à I'autre d'etre lui-meme en toute simplicite. Un regard qui ne juge pas accepte I'autre exactement tel qu'il est. La confiance est alors le terrain de la relation; au-dela des imperfections actuelles, est reconnue en chaque etre humain la perfection d'une sagesse naturelle qui est sa base. Ce regard qui voit en chaque personne toutes ses potentiates, est comme un ferment qui leur permet de s'eveiller. Celui qui n'est pas juge retrouve confiance en lui-meme, son dynamisme est renforce et il peut prendre conscience de ses capacites. Se sentir juge par I'autre, c'est une sorte de "laminage" de la force de vie; nous nous sentons diminues, notre corps devient "gauche" : c'est pour cela que l’on peut perdre tous ses moyens lorsqu'on doit passer un examen ! Meme si on s'etait parfaitement prepare, I'apprehension de ce regard de I'examinateur peut etre tenement forte qu'elle nous envahit completement et que nous oublions tout ce que nous savions. L'attitude d'equanimite reconnait en chaque etre humain sa nature ultime parfaite et sa nature relative imparfaite; et elle reconnaTt en meme temps la capacite qu'il a de s'eveiller à lui-meme. Par cette attitude nous eveillons en nous-memes, un veritable esprit "altruiste" non pas celui en vertu duquel nous faisons la charite pour etre en paix avec nous-memes, mais celui par lequel nous considerons que tous les etres peuvent s'ouvrir à eux-memes et au vrai sens de la vie qui est evolution. Cet esprit "altruiste" peut etre la motivation à la fois de nos actes et de nos pensees. Comment pouvons-nous par nos pensees et nos actes favoriser 1'evolution de I'ensemble des etres ? Chacune de nos pensees est une trace dans le reservoir collectif des pensees du monde, chacune de nos actions a egalement un retentissement et peut contribuer a 1'etablissement d'un monde meilleur. Conscients de notre responsabilite, nous pouvons faire de chacun de nos actes un "service". Le maitre d'oeuvre est la force de transformation agissante en chaque etre humain et dans le monde. II ne s'agit pas pour autant de se lancer dans des operations de grande envergure, ni de creer des mouvements, mais simplement la ou nous nous trouvons de penser que la maniere dont nous agissons a un impact sur Pensemble des actes du monde : si nous agissons aussi justement et aussi consciemment que nous le pouvons, nous contribuons à I'expression de ces qualites dans le monde. La pensee de bienveillance à I'egard de quelqu'un renforce le capital d'amour du monde. L'esprit altruiste, c'est etre conscient du fait que nous pouvons aider les autres par la maniere dont nous agissons et dont nous pensons. IV - LES MOYENS DE LIBERATION DE L'EMOTION Nous avons vu successivement comment nous pouvions à I'aide de I'ethique des YAMA eliminer les emotions les plus grossieres et par le developpement de I'esprit altruiste, donner une motivation plus elevee à nos actes. Mais tant que l’on reste sur le plan des emotions, aussi pures soient-elles, on reste attache à ce qu'on appelle le SAMSARA. De par I'intention qui se trouve derriere nos actes, nous continuons à emettre des causes qui seront les germes de desir et d'attachement. Or nous savons que c'est le desir-attachement qui est la source de toutes nos autres emotions. La final ite du travail sur les emotions est done la realisation du non-attachement : aucun profit personnel n'est retire de I'action; elle est pure et desinteressee. II nous faut pour cela deraciner le desir-attachement, dejouer son mecanisme, le voir à la source. Et c'est la I'objet du travail de meditation. L'entrainement à la meditation est dans sa premiere etape un entrainement au calme mental; nous developperons dans le prochain chapitre le processus pour nous approcher de ce calme mental. Cet entrainement à pour consequence de favoriser la presence de cette conscience-temoin dont nous avons parle à plusieurs reprises. Et nous allons de plus en plus etre à meme d'observer nos emotions, leur developpement jusqu'a decouvrir comment elles naissent. II s'agit done de regarder, de rentrer en contact avec nos emotions, d'en vivre tous les mouvements tout en maintenant une conscience d'observation de Pemotion. Et e'est cette attention qu'il faut garder quelle que soit la force de I'emotion, quelles que soient les difficultes auxquelles nous sommes confronted juste à cet instant; et si nous sommes completement envahis par les manifestations emotionnelles, il nous faut avoir un regard sur cet envahissement. Cela ne veut pas dire que nous ne serons pas en perdition grace à ce regard; nous pouvons etre compietement perdus, sentir toute cette douleur qui accompagne I'emotion et qui est souvent due à notre impuissance à resister à cette vague, mais grace à cette conscience-temoin, il y a dans cette masse de forces obscures dont nous sommes le dechatnement un petit point de lumiere. II y a un tout petit point tres pur qui lui est completement en dehors de tout cela et qui est pour nous Pexperience de quelque chose d'autre que Pemotion. Si nous prenons I'exemple de la colere : lorsque nous nous mettons en colere, il y a beaucoup de manifestations physiques, psychiques; notre voix est transformed il y a en nous une force qui peut declencher des mouvements violents, le visage se transforme, les muscles se crispent; nous sommes comme on dit "emportes"; e'est vraiment comme une tempete. II ne s'agit pas d'empecher la tempete, elle est due à certains facteurs que nous connaissons ou que nous ne connaissons pas. II s'agit d'etre present dans la tempete, car à ce moment-la il y a une reconnaissance et une acceptation de ce que nous sommes. Notre difficulty à etre conscient vient simplement du refus de nous voir tels que nous sommes en proie à Pemotion. Nous n'avons pas en fait le courage de nous assumer tels que nous sommes et surtout de reconnaitre nos negativites. Si nous prenons I'habitude, ainsi de ne pas fuir Pemotion, e'est-a-dire d'accepter notre condition et d'en voir la realite, notre comportement va vraiment se transformer. Si la manifestation de I'emotion est acceptee, cela signifie que nous acceptons aussi de reconnaitre la situation qui Pa engendree. Or toute emotion est I'expression du refus d'une situation. Bien souvent e'est parce que nous avons peur de la situation à laquelle nous sommes confrontes que nous nous mettons en colere ou que nous angoissons. Autrement dit notre emotion est une fuite de la realite; nous nous refugions dans I'emotion. Et comme bien souvent, nous refusons d'entrer en contact avec notre emotion elle-meme, nous nous fuyons doublement. Nous construisons une sorte de representation imaginaire de nous-memes, injustement bafouee par les circonstances de la vie. A partir du moment ou nous acceptons I'expression de nos emotions, nous acceptons en meme temps le contact avec la realite; c'est-a-dire que nous abandonnons le desir d'une realite conforme à notre volonte et que, des lors, nous travaillons avec les circonstances quelles qu'elles soient. Alors il va y avoir une transformation de nos reactions aux situations qui declenchent habituellement notre emotion : I'emotion refus de la situation n'aura plus aucune raison de se manifester; petit à petit, au fur et à mesure que nous en comprenons mieux le mecanisme et que nous travaillons avec la conscience-temoin, les mouvements emotionnels vont etre de moins en moins amples, jusqu'a devenir de simples petites vagues que nous sentons s'elever au contact d'une situation qui faisait jusqu'ici I'objet d'un refus. Aussitot que nous les apercevons, nous comprenons que notre vieille habitude revient, le fait de le voir dejoue le mecanisme de I'emotion et la vague se caime. Nous pouvons ainsi arriver, à force d'observation et de vigilante attention, à un etat de calme, comparable à I'eau d'un lac tranquille ou sont pergus les moindres remous de surface. Cet etat de calme est simplement le resultat d'un cessez le feu avec soi-meme; nous cessons d'etre en conflit avec nous-merries et nous cessons de nous opposer aux circonstances. Cette attitude peut nous conduire progressivement à ne plus etre conditionnes par le desir-attachement et à accepter completement le mouvement de la vie qui est le facteur essentiel d'eveil à notre vraie nature. N.B. Une mise au point s'avere peut-etre necessaire en ce qui concerne ce que nous entendons exactement par acceptation. Cela ne signifie en aucun cas qu'il s'agit de voir les evenements de notre vie comme une fatalite et de les accepter en tant que tels. Le mot fatalite sous-tend une emotion et est done I'expression d'une attitude negative vis à vis de soi-meme et des circonstances. Le mot acceptation veut dire : voir la realite telle qu'elle est. Cela ne signifie en aucun cas qu'aucune evolution de cette realite n'est possible; au contraire, comme nous avons essaye de I'exposer, I'acceptation des choses telles qu'elles sont est le ferment de leur evolution. Nous reconnaissons les donnees d'un probleme, et à partir de la, nous pouvons faire quelque chose pour resoudre ce probleme. Mais si nous nous lamentons à propos d'un probleme, alors e'est notre emotion qui est au premier plan et nous ne pouvons plus etre efficaces. CHAPITRE IV PURIFICATION DU PLAN MENTAL Le troisieme des obstacles majeurs à la comprehension de notre veritable nature vient de notre mental. Nous sommes I'objet d'un tourbillon de pensees incessant qui ne nous laisse meme pas en repos la nuit puisque notre mental continue à fonctionner sous une autre forme. Tant que nous sommes ainsi continuellement agites par des pensees, nous ne pouvons pas avoir contact avec autre chose que nos pensees; il s'agit alors pour nous de savoir comment nous pouvons calmer notre mental, c'est-a-dire la encore le purifier. Mais avant d'aborder !es moyens de purification du plan mental, nous allons essayer de comprendre son fonctionnement. I - FONCTIONNEMENT DU MENTAL La caracteristique du mental est d'etre comme le dit SHRI AUROBINDO une "usine à pensees". II s'agit done d'un mecanisme. Depuis notre enfance, nous avons regu une multitude d'informations : notre education, notre instruction à I'ecole et les multiples informations venant du monde exterieur ont modele ce qu'on appelle notre substance mentale. Cela signifie exactement que depuis I'enfance, ce sont les modeles de comportements parentaux, ceux de nos instructeurs et ceux des personnes avec lesquelles nous sommes rentres en contact qui ont impressionne notre mental et determine notre propre comportement. Notre mental est comme une sorte d'ecran sur lequel sont sans cesse projetees les images des objets exterieurs avec lesquels nous rentrons en contact. L'ensemble des experiences de notre vie constttue une sorte de film et ce n'est pas par hasard s'il est dit que nous revoyons le film des evenements de notre vie au moment de notre mort. Chaque experience s'est imprimee en nous sous la forme d'une image; mais de plus tout contact avec le monde exterieur se vit dans un certain climat psycho-affectif; I'image que nous gardons de ce contact est teintee par le contexte emotionnel du moment, meme depuis notre plus tendre enfance. Lorsque le visage de notre mere se penchait au-dessus de notre berceau, il etait associe soit au desir de nourriture que nous ressentions en ce moment ou au besoin de tendresse auxquels se melaient les propres emotions ressenties par notre mere. Cela signifie que notre experience du monde exterieur est entierement subjective et que si nous nous accordons pour nommer une chose, par exemple une fleur, cette fleur suivant le contexte emotionnel dans lequel I'experience en a ete faite, ne representera pas la meme realite pour les uns et pour les autres. Autrement dit, le plan mental avec son contenu d'images, constitue notre representation du monde et il n'y a aucune objectivité de ce monde exterieur pour nous. II n'est que la projection de nos propres desirs, attentes, regrets... Comment expliquer qu'une personne que nous rencontrons pour la premiere fois, que nous ne connaissons nullement soit aussitot cataloguee comme sympathique, antipathique ou nous laissant indifferents; c'est bien que notre perception de cette personne n'est pas pure, sinon nous la laisserions se devoiler avant de porter un jugement ! Simplement ii nous suffit de retrouver en cette personne un leger trait de ressemblance, le son de sa voix, un geste, une maniere de se coiffer qui nous renvoie au contact que nous avons eu avec une autre personne et selon que cette experience ait ete agreable ou desagreable, nous projetons aussitot sur la situation nouvelle, I'emotion precedente; et ['image que nous en avons gardee, se superpose à I'image que nous enregistrons dans le moment. Comme tout cela se passe tres vite, I'ensemble du processus echappe à notre conscience. On peut dire que sur le plan mental, chacun vit dans sa propre sphere; ce qui explique ce qu'on appelle les difficultes de communication, celles-ci etant agrandies lorsque les cultures sont differentes : entre peuples, nationalites, races differentes, les conceptions ou representations du monde sont encore beaucoup plus eloignees. C'est pourquoi, Krishnamurti explique que tous les conflits, tous les problemes de I'etre humain et de I'humanite naissent de la pensee et surtout du fait que I'homme ne comprend pas son propre fonctionnement mental; et que c'est du mental lui-meme que naTt I'illusion de la separation. JEU DE L'IDENTIFICATION AUX PENSEES Cette illusion provient du fait que I'homme s'identifie completement à ses pensees. Son existence meme tient à l’idée qu'il se fait de lui-meme. II ne peut se concevoir en dehors de ses pensees. "Je pense done je suis" disait DESCARTES, je suis une creation de mon propre mental; c'est pourquoi lorsqu'on s'attaque à nos opinions, à ce en quoi l’on croit, nous nous sentons profondement atteints et nous ripostons et trouvons des arguments pour nous defendre. Parce que si quelqu'un s'attaque à nos croyances, c'est à ce qui fonde I'idee meme de notre existence qu'il s'attaque. Nous nous identifions completement à nos idees, à nos croyances, à nos opinions. Par exemple si nous avons une religion, cette religion nous fournit un modele de comportement, une sorte d'ideal moral auque! nous allons nous identifier et sur lequel nous allons fonder notre existence. De meme si nous avons choisi de nous investir dans une oeuvre sociale ou politique, nous le faisons en fonction d'une certaine philosophie de la vie ou de la societe; notre existence va alors etre confondue avec notre role dans la societe. Maintenant si quelqu'un à cote de nous a une religion differente ou se rattache à une ideologie politique opposee à la notre par exemple, cette personne-la sera aussi convaincue que nous de la justesse de son choix et pensera comme nous detenir la verite. Des lors, nous ne pouvons que constater que sur le plan mental, nous sommes vraiment separes de cette personne et que si nous nous engageons avec elle dans une discussion, ce sont deux mondes inconciliables qui risquent de s'affronter. Et si bien souvent dans un tel cas la discussion tourne au conflit, c 'est parce que nous nous sentons menaces, en danger et nous cherchons à nous defendre. Puisque nous nous identifions à nos croyances, à nos idees, lorsqu'on attaque celles-ci, c'est à notre existence meme qu'on s'attaque; c'est comme si tout à coup on nous refusait le droit de vivre, comme si on voulait nier notre existence. Or plus nous sommes ancres, enracines dans nos opinions, plus nous renforcons I'esprit de separation. A I'extreme, cela conduit au fanatisme : celui qui au nom d'une idee est capable de detruire les autres, ceux qui n'ont pas la meme opinion. Tous les totalitarismes pour survivre en viennent à I'exclusion de tout autre mode de penser qui n'est pas conforme à leur propre maniere de voir. C'est ce qu'on appelle la suppression de la liberte d'opinion. Des etres deciarent que leur maniere de penser est la seule valable et que toute autre opinion est erronee. II y a dans ce processus une confusion entre verite absolue et verite relative : alors que sur le plan mental, une verite ne peut etre que relative, parce que relative aux experiences d'un individu particulier, à son education, à sa tradition culturelle, à ses relations, elle est à ce moment-la declaree Verite Absolue, ce qui veut dire valable pour tous. Tous les conflits, toutes les guerres, toutes les divisions ont pour origine cette confusion. L'intolerance, c'est ne pas tolerer que quelqu'un soit different et surtout puisse penser differemment. On voit à quel point il est important de reflechir et de comprendre ce qu'est le mental, car ce processus d'identification aux pensees est tenement fort que meme si rationnellement nous I'avons compris, longtemps, nous continuons encore à nous defendre lorsque quelqu'un emet un avis oppose à une idee que nous exprimons ou nous nous sentons interieurement atteint. Et seule la meditation nous permettra progressivement de percevoir comment nous nous impliquons dans nos pensees et comment chaque pensee renferme un petit "je" qu'il est bien difficile de deloger d'un seul coup. Et pourtant si nous percevions que notre existence ne depend pas de notre mental et que celui-ci est un simple vehicule, c'est-a-dire un moyen de comprendre le monde dans lequel nous vivons, nous deviendrions extrement tolerants parce que non attaches à nos opinions sachant qu'elles sont le fruit des circonstances et que places dans d'autres conditions, nous aurions pense sans doute differemment. Mais tant que nous n'avons pas vu que ce que nous sommes n'est pas notre mental, n'est pas nos emotions, n'est pas notre corps physique, il nous est extremement difficile de ne pas nous identifier à nos vehicules d'existence. II est temps d'aborder tes moyens qui nous sont donnes de nous desengager du plan mental et de realiser cette connaissance de nous-memes qui se situe au-dela du mental. Notons tres clairement que bien entendu le mental n'est pas queique chose de negatif, bien au contraire, mais que nos problemes naissent du fait que nous nous identifions à nos pensees. II - PURIFICATION ET CONTROLE DU MENTAL Notre fonctionnement mental est le fruit d'habitudes tres anciennes; rompre avec les habitudes ne se fait pas du jour au lendemain; de plus nous sommes tenement impliques dans son fonctionnement que si à certains moments nous en percevons le mecanisme, des que nous sommes un peu fatigues ou que nous manquons de vigilance, nous sommes à nouveau le jouet du processus mental et nous nous accrochons à nos pensees et à nos fausses representations. II nous faut d'abord : - Developper une grande energie interieure et une volonte de decouvrir_la verite sur nous-memes. Celle-ci doit etre ravivee chaque jour par une_reflexion sur les problemes que nous rencontrons dans la vie et en particulier_sur la constatation de I'existence de la souffrance partout autour de nous._Cette reflexion nous conduit à rechercher I'experience du bonheur sous une_forme plus durable que celle des plaisirs ephemeres que nous connaissons_generalement, et au desir profond d'eliminer les causes de la souffrance. Et nous savons que ce n'est pas en nous tournant vers une ideologie pronant un monde meilleur, que nous pourrons faire disparaitre toute souffrance; car toute ideologie fait partie des verites relatives du plan mental; elle peut done etre tout à fait valable en certaines circonstances, dans certaines conditions, mais pas en toutes circonstances. Pour faire disparaitre cette souffrance, il nous faut comprendre que son origine se trouve dans notre fonctionnement actuel qui fait que nous nous accrochons à nos possessions materielles, affectives ou intellectuelles et ce faisant, nous nous derobons à notre vraie nature. - II nous faut ensuite nous soumettre à un veritable entrainement, un_"training" comme disent les anglais pour comprendre notre fonctionnement_sur le plan mental : apprendre à regarder et à voir comment nous nous_accrochons à nos pensees, comment nous nous identifions à la pensee. Et pour cela il nous faut commencer par nous asseoir, nous arreter, prendre le temps de regarder . Cela va nous demander au debut un effort intense car nous allons nous apercevoir que nous sommes pris dans une cascade de pensees; ce dont nous allons avoir conscience au debut, e'est d'un desordre vertigineux, des pensees qui vont dans tous les sens, qui n'ont parfois aucun rapport les unes avec les autres; ou si nous avons queique emotion, e'est un veritable ouragan qui se produit dans notre tete; et nous nous sentirons tellement envahis qu'a ce moment-la nous ne pourrons maintenir la vigilance que quelques instants. A partir de la il va nous falloir essayer de retablir un certain ordre, nous allons endiguer le flot des pensees en donnant au mental un seul objet, en I'orientant dans une direction precise. C'est la premiere phase du travail sur le mental qu'on appelle la CONCENTRATION. Premiere etape du calme mental : la Concentration II s'agit d'occuper le champ du mental avec un seul objet. Tout objet peut devenir objet de concentration; cela depend de nos gouts ou de nos inclinations spirituelles. - La respiration est tres souvent un moyen de calmer le mental : on_regarde le mouvement de la respiration tel qu'il est; si on a beaucoup de_difficultes à se concentrer, on peut alors au moment de I'inspiration_prononcer mentalement : "j'inspire" et au moment de I'expiration dire_"j'expire". -Les sons : on peut aussi se concentrer sur tous les sons que nous entendons; il faut alors etre attentif à I'aspect sonore lui-meme et non à ce qu'il represente; et il faut accepter tous les sons tels quels sans vouloir en retenir un particulierement. - Un objet visuel : une fleur par exemple qu'on pose à une metre et demi_devant soi ou une petite boule de couleur ou un caillou... le regard est fixe sur cet objet, en evitant que cette concentration cree une tension dans la tete. -Une idee, une reflexion peut etre egalement objet de concentration à condition de ne pas s'eloigner du sujet; par exemple : le silence, la paix... Notons que pour que cette premiere phase du travail sur le calme mental porte ses fruits il ne faut pas repousser les pensees etrangeres à I'objet mental qu'on s'est choisi; plutot que de passer notre temps à repousser les pensees qui n'ont rien à voir avec le sujet, il nous faut accentuer la concentration sur I'objet choisi. Lorsque des pensees parasites se presentent il suffit de le noter, puis de revenir à I'objet de concentration. Ce travail de concentration ne doit pas etre maintenu trop longtemps surtout au debut. II vaut mieux que cet exercice soit souvent repete plutot que maintenu pendant un tres long temps. Cet exercice apporte en lui-meme beaucoup de benefices, des que vous quittez une session, meme si vous avez rencontre des difficultes, vous aurez une sensation de repos, d'apaisement. Naturellement et progressivement notre pouvoir de concentration va etre augmente, ce qui est ensuite tres benefique dans la vie. PENSER A CE QUE L'ON FAIT Un moyen d'apaisement du mental, c'est dans la vie de s'habituer à penser à ce que l’on fait : etre present, etre conscient des gestes que l’on accomplit, de la situation dans laquelle on se trouve : le livre que l’on lit, remission que Con regarde à la television. Etre conscient des paroles que l’on prononce, de ce que I'autre nous dit. Eviter la dispersion du mental : c'est-a-dire penser à autre chose tout en accomplissant une action. Cela peut paraitre bien difficile au debut car on se rend compte que notre mental a du mal à se maintenir dans la direction qu'on lui a donnee; mais comme nous le disions, il s'agit d'un entraTnement : on contrecarre une habitude en creant une autre habitude: a force de ramener le mental sur I'objet de la concentration, il finit par ,'assouplir, se laisser discipliner, et progressivement s'apaiser. Bien entendu ce travail sur le mental va de pair avec le travail sur les emotions, car ce sont souvent nos emotions qui entrainent le tumulte des pensees et I'apaisement des emotions cree une paix mentale. LA CONCENTRATION SANS OBJET Lorsque nous avons appris à maintenir le mental sur un seul objet sans que cela nous demande d'effort, alors notre concentration va pouvoir s'exercer sans que nous lui donnions d'objet et nous allons regarder le mental lui-meme et percevoir son fonctionnement. Nous allons devenir conscients du jeu des pensees : il s'agit de maintenir une attention ouverte, passive qui n'intervient pas dans le deroulement des pensees, qui n'en empeche aucune, qui n'en selectionne aucune; une pensee apparait puis dispara?t, puis une autre et ainsi de suite et nous restons le temoin de ce qu'on peut appeler le mouvement des pensees. Le mental est souvent compare à la surface d'un lac sur lequel se formeraient des vagues; chaque pensee est I'une de ces vagues. Avec la pratique, nous pouvons etre conscients à la fois des vagues et du lac, c'est-a-dire de I'espace et des pensees qui surgissent de I'espace puis s'y dissolvent. Nous sommes en meme temps conscients de I'immobilite du lac et du mouvement des vagues. Si nous continuons inlassablement notre pratique et notre observation reguliere, notre attention s'aiguise, non que cela nous demande davantage d'effort, mais notre perception s'affine et embrasse en un instant un champ plus vaste et nous devenons à meme de percevoir le temps d'une pensee sa couleur, le lieu ou elle s'exprime, son contenu et si ce contenu est en rapport avec une emotion, peut-etre un leger tressaillement de notre corps reagissant au contenu de la pensee, tout cela sans que le regard du temoin soit affecte. II y à simplement une conscience du mecanisme pensee-emotion. Nous percevons comment notre vehicule physique reagit au contenu d'une pensee mais nous-memes ne sommes pas affectes. Et pourtant il n'y a aucune dissociation; on pourrait penser de I'exterieur à une sorte de dedoublement de la personnalite... En fait toute cette experience est tres vivante, il ne s'agit nullement d'une observation froide et analytique d'un mecanisme qui paraitrait ardu. Car il y a dans ce champ qui englobe le regard qui observe, I'espace et les mouvements au sein de cet espace, une presence et notre conscience devient celle de cette presence. Dans cette presence tout est inclus avec la meme egalite; nous entendons que dans cette experience, il y a en quelque sorte un gout unique, rien ne se manifeste plus important et tout a la meme importance : mouvement des pensees, immobilite, sensations energetiques se deploient dans un mouvement perpetuel ou est simplement reconnue la capacite qu'a la vie à s'exprimer. CONDITION A L'EXPERIENCE DE LA MEDITATION : LA DETENTE Tout notre effort que l’on s'adonne à la concentration ou à la meditation doit porter sur la detente : il s'agit de voir les choses telles qu'elles sont, de voir tel qu'il est le fonctionnement de notre mental et pour cela il faut que toutes les constructions mentales, tous les desirs qui sont comme des sortes d'alluvions, se deposent. Notre pratique reguliere de I'observation nous permettra de percevoir des tensions inscrites dans notre corps depuis de longues annees, de percevoir une sorte de mouvement instinctif inscrit dans notre mental, à s'emparer des pensees, ce que nous avons appele le mouvement d'identff ication. Des que nous percevons ces tensions ou mouvement vers quelque chose qui est la tendance selective de notre mental, il nous faut detendre, detendre la situation, percevoir le mouvement et aussitot abandonner le mouvement. Le travail de meditation comme le travail sur soi-meme peut en fait se definir comme une serie d'abandons; on peut bien sur preparer le terrain, se detacher à I'aide d'une ethique, pratiquer une vie plus ascetique, mais il faut eviter de se creer de nouvelles tensions par la pratique car notre etat naturel ne peut se manifester que dans une parfaite detente. Detente du corps, de la respiration, du mental. ON NE SORT JAMAIS D'UNE MEDITATION COMME ON Y EST ENTRE La pratique de ('attention ouverte, de la vigilance pendant la meditation nous conduit à connaltre un etat de calme, de silence dans lequel s'eleve de temps en temps une pensee, sans que cela puisse etre considere comme une gene; c'est simplement le phenomene du nuage qui passe dans le ciel. Et nous sommes amenes à vivre ce silence. Mais ce silence ne signifie pas absence de bruit; c'est ce qu'on appelle un silence plein. II s'agit en fait d'une energie fantastique qui lorsque nous nous ouvrons à elle, opere par elle-meme une transformation de notre mental, de notre psychisme, de notre corps. Et si nous sommes tres attentifs, nous percevrons en nous des mouvements subtils: une petite parcelle de notre corps qui cherche à s'ouvrir et quelque chose qui travaille juste à cet endroit pour aider I'ouverture à se faire. On ne sort jamais d'une meditation comme on y est entre : quelque chose s'est passe qui ressemble à un enseignement et toutes les cellules de notre corps gardent la memoire de ('experience. Ces qualites spirituelles s'eveillent d'elles-memes comme une plante apparaTt à la surface de la terre parce que le terrain a ete bien prepare. Cultiver la vigilance, defaire les tensions, creer la detente, c'est preparer le terrain; à partir de la, naturellement les qualites du coeur et de ('intelligence se manifestent; notre volonte ne doit rien entreprendre en ce sens mais nous devons nous abandonner à la volonte d'HARMONIE universelle. C'est elle qui opere en nous, purifie, harmonise et finalement se manifeste en tant que SAGESSE. Volonte individuelle et universelle ne font plus qu'un et notre coeur bat pour tous les êtres sensibles. Mais nous insistons sur le fait que ce developpement doit etre naturel; I'etre humain avec sa volonte individuefle ne peut rien sinon apprendre à se taire, pour decouvrir au-dela des mots sur lui-meme, I'oeuvre entiere dont il est une infime particule. CONCLUSION "Toute la vie est un YOGA" disait SHRI AUROBINDO. II n'y a pas de chemin spirituel en dehors de !a vie; la vie elle-meme nous fourntt les differentes etapes d'un pelerinage qui nous conduit vers nous-memes. Notre yoga peut etre tout simplement un yoga de la Vie, dans lequel nous comprenons les evenements comme les signes et symboles de ce que nous avons realise ou de ce que nous avons à realiser. Un evenement difficile est I'expression d'une tension en nous; il s'agit d'un noeud se manifestant à I'exterieur comme à I'interieur. La Vie si nous savons I'ecouter, nous invite à resoudre nos problemes interieurs en nous plagant dans les situations qui les revelent et sont propices à leur resolution. Pour parcourir completement notre pelerinage, il nous faut resoudre chaque situation que nous rencontrons, sinon comme dans le Jeu de I'OIE, nous risquons d'etre obliges de revenir à la case depart. Notre yoga est un moyen de comprendre progressivement à travers I'experience acceptee de toute notre vie, le sens et la nature de Tetre humain, sa relation avec i'ensemble de I'univers. Celui-ci est une sorte d'enigme à resoudre, de monde à dechiffrer, mais comme sous I'effet de la baguette magique de la fee, Cendrillon se trouve soudain transformee, c'est par I'effet magique de notre propre force interieure, que, si nous la laissons operer, nous nous eveillons à la connaissance de nous-memes.
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